Nom anglais : Pirates of the Caribbean : The Legend of Jack Sparrow
Catégorie : Action
Développeur : 7 Studios & Buena Vista Games
Editeur : Bethesda Softworks
Fort de son expérience des jeux d’aventure et d’un premier épisode plutôt réussi, Bethesda remet le couvert à l’occasion de la sortie du film Pirates des Caraïbes : La légende de Jack Sparrow. Mais contre toute attente, ce nouvel opus délaisse les terres du RPG/Action au profit du beat them all. Une idée plutôt saugrenue, et qui se paie cher au final. Allez, balancez-moi ça aux requins, qu’on n’en entende plus parler...
Mille et Une Nuits sous le ciel des caraïbes
Dans les Mille et Une Nuits, la princesse Shéhérazade racontait chaque nuit une nouvelle histoire, reportant au lendemain le moment de son exécution. L’histoire de Pirates des Caraïbes 2 commence de manière similaire, alors que les deux héros du jeu, Jack Sparrow et son compagnon Will Turner, sont sur le point d’être pendus pour meutre, pillage, outrage aux lois, etc. C’est alors que Jack Sparrow entame le récit de ses aventures, dans l’espoir de captiver assez la foule pour se voir accorder la clémence. Les histoires qu’il raconte alors, ce sont celles que vous allez vivre.
Si le principe est séduisant sur le papier, il en va tout autrement du résultat à l’image. A commencer par le récit lui-même, qui s’avère rapidement décousu. D’un niveau à l’autre, on a du mal à comprendre comment nos deux héros se sont retrouvés dans une nouvelle situation. Conséquence directe : il est difficile d’accepter les missions qui sont proposées et d’en saisir les aboutissant : rejoindre un point d’extraction, éliminer les adversaires à l’écran, enflammer les mâts d’un navire... Autant de tâches qui paraîtront au joueur dépourvues de sens, puisque seulement justifiées par la nécessité de passer d’un niveau à l’autre.
En revanche, les dialogues sont assez sympathiques, gouverneurs et pirates en tout genre s’exprimant avec l’accent du patois local. Les répliques du personnage principal sont pleines d’humour et feront certainement rire aux éclats les plus jeunes.
Mais pourquoi ont-ils tout gâché ?
Pirates des Caraïbes 2 n’est peut-être pas un bon jeu, mais il bénéficie d’un moteur graphique assez honnête. Le morphing des personnages est assez convaincant, sans être exceptionnel (on est loin du moteur d’Oblivion, mais cela reste néanmoins correct) et les décors sont assez variés (jungle, villa, bâteau...). Ces derniers sont cependant bien vides, et l’interactivité très limitée. Certes, il est possible de ramasser des caisses, des tonneaux et des conteneurs d’explosifs pour les lancer sur les barricades bloquant la progression ou sur les ennemis. Il est également possible d’actionner certaines manivelles et de pousser les échelles, lorsqu’une icône vous le propose. Mais les choses s’arrêtent là. Si vous comptiez pénétrer dans les bâtiments ou grimper sur les plate-formes ou les barricades, oubliez tout de suite ces idées folles : ce serait trop en demander. L’environnement sonore qui accompagne le soft est assez honnête, et, sans faire vibrer les cœurs à l’unisson, il suffit pour poser l’ambiance.
Pirates des Caraïbes 2 n’a pas grand-chose à voir avec le premier épisode. Il s’agit en effet ici de beat them all. Fini le commerce de cannelle, de bois et d’ébène. Adieu les canons et les phases d’abordage. Terminé les tempêtes et le recrutement d’équipiers. La suite n’a rien conservé de ce formidable héritage, préférant jeter le tout par-dessus bord pour se focaliser sur les combats de cape et d’épée. Un pari dangereux, d’autant qu’il aurait suffi de les intégrer à une nouvelle aventure en mer pour diversifier le gameplay.Mais oublions ce qui aurait pu être fait, et penchons-nous sur ce qui a été fait : le système de combat, le pathfinding, la gestion des collisions, le level design, l’architecture des niveaux... En d’autres mots, passons aux choses qui font mal.
Sabordage de gameplay
Question gameplay, Pirates des Caraïbes est bourré de défauts. Le titre de Bethesda est tout d’abord injouable avec le clavier. Rien que dans le menu des options, il est impossible de revenir à l’écran principal, la touche Echap, pourtant configurée, n’étant pas détectée. Le pad est donc obligatoire, ne serait-ce que pour s’orienter dans les menus. Le but du jeu se résumant la plupart du temps à éliminer les ennemis à l’écran, 7 Studios ne pouvait pas se permettre de bâcler cet aspect. C’est pourtant bien le cas. Répétitifs, les affrontements déçoivent par le manque de variété des ennemis. Entre des pirates et des pirates morts-vivants, difficile de trouver une différence. Plus encore, la médiocrité de l’IA fait qu’il n’est même pas nécessaire de parer les coups. Quant aux combos proposés, ils sont certes variés, mais peu efficaces. En dehors des attaques ultimes (certaines, comme l’épée enflammée de Jack, sont d’ailleurs assez ratées visuellement), mieux vaut se contenter de bourriner en attaque rapide, ce qui à défaut d’être amusant, reste le plus efficace. Seul gramme de fraîcheur dans ces combats sans charme : la possibilité de jouer en coopération sur la même machine. On reste loin du fun d’un Double Dragon, ou des combos associés à la Street of Rage, d’autant que les personnages jouables (Jack, Will et Elisabeth) disposent d’un panel de coups quasi-identiques – les seules vraies variantes étant dans les attaques spéciales. On pourra aussi se consoler avec la possibilité d’apprendre de nouveaux coups après avoir récolté de nombreuses pièces d’or.
Autre carence repérée : le nombre assez conséquent de bugs. A titre d'exemple, il pourra vous arriver de vous retrouver coincé dans le mât principal du navire, sans espoir d’en sortir. Particulièrement agaçant quand on est sur le point de battre un boss et qu’il faut tout reprendre à zéro. Car, bien évidemment, le système de sauvegarde esprit console ne permet pas de sauvegarder en plein milieu de niveau. Autre exemple de bug : voir les ennemis devenir soudain immobiles, l’épée tirée au clair, et ne plus avoir la possibilité de les éliminer. Sans oublier de nombres bugs de collision et d’affichage qui viennent gêner le plaisir de jeu.